"J’ai perdu ma dignité. J’ai eu beaucoup de difficultés et de problèmes émotionnels. J’ai perdu mon estime de moi et suis devenue antipathique. Je ne réussissais à rien faire".
Je suis Angolaise. J’ai été une jeune fille très déterminée jusqu’au moment où j’ai rencontré le père de mon fils. J’ai vécu dans la violence conjugale et toute cette détermination que j’avais a disparu. Je n’étais plus la même personne. Je vivais ce que cet homme voulait que je vive, au point de m’oublier moi-même. Là, j’ai perdu ma dignité. J’ai eu beaucoup de difficultés et de problèmes émotionnels. J’ai perdu mon estime de moi et suis devenue antipathique. Je ne réussissais à rien faire. Je ne m’écoutais pas intellectuellement non plus parce qu’il y avait des choses que j’aurais pu très bien comprendre, mais que je ne comprenais pas. J’étais très confuse et mélangée.
Concernant mon expérience, la première fois que je suis venue au Centre, je n’ai pas vu les ressources mises à ma disposition et j’ai abandonné. Je dis à toutes les femmes qui sont dans la même situation, ou une situation semblable, de ne pas faire la même chose. Il est très important que, quand nous commençons quelque chose, nous avancions parce que nous avons des obstacles et, si nous ne sommes pas assez forts pour les surmonter, ça prend plus de temps. Tomber c’est facile, mais se remettre sur ses pieds prend beaucoup de temps.
Le Centre m’a beaucoup aidée parce que c’est là que j’ai pu reconnaître le point où j’étais et j’ai travaillé pour pouvoir sortir du cycle de la violence. Il est très important que toutes les femmes et les enfants qui vivent dans violence, et principalement les mères, se traitent émotionnellement pour pouvoir guider leurs enfants. Le Centre m’a ouvert ses portes. Actuellement je dois faire un cours professionnel. J’ai croisé beaucoup de difficultés. Pour certaines, je les ai résolues, pour d’autres, je dois toujours travailler dessus pour mon bien-être et celui de mon bébé.
Une fois de plus, j’alerte les femmes qui passent par de grands périls sans les voir. Il y a beaucoup de femmes qui meurent et d’enfants qui deviennent violents parce qu’ils prennent leurs parents pour modèles. Il est très important que les gens se réveillent et voient clairement, qu’ils demandent de l’aide, mais pas seulement quand ils sont en situation de crise, parce que, quand nous sommes dans une crise, nous ne sommes pas réceptifs à rien et c’est seulement quand la personne est en paix avec elle-même qu’elle peut voir ce qui est bon pour elle et ce qui ne l’est pas. Je pense que nous nous trouvons dans l’obligation de demander de l’aide dans une situation de crise pour calmer et contrôler la situation et en demander également dans les dimensions de notre vie où les choses sont plus calmes.
L’important est de continuer et de ne pas laisser tomber les orientations que le Centre donne, selon mon expérience, parce que je suis arrivée ici une première fois et je n’ai pas suivi ce qu’on m’a dit et expliqué et je suis tombée une deuxième et une troisième fois. Je constate qu’il est très important de mettre en pratique ce qu’on nous enseigne au Centre avant que nos blessures soient irréparables. Si j’avais écouté, je ne serais pas tombée deux fois et j’aurais réglé mes problèmes plus vite et plus efficacement. L’avantage que j’ai eu en étant venue au Centre c’est que je suis revenue à celle que j’étais avant de me faire violenter.
Les connaissances que j’ai acquises me permettent, à ce moment, d’identifier tous les types de violence. J’ai beaucoup travaillé pour apprendre à contrôler et reconnaître mes émotions. Je sais fixer mes limites et je ne laisse personne me faire du mal, je sais m’exprimer, défendre mes opinions et ce en quoi je crois.
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