« Tu dois choisir entre ta famille ou moi. Tu sais que je n’aime pas que tu sortes, c’est pour ça que tu peux seulement sortir avec moi ».
Je suis allée au Portugal, seule, pour visiter une personne de ma famille qui était très malade. C’est là que j’ai connu mon ex-mari. Tout a commencé par de fréquentes crises de jalousie de sa part. Ensuite, il m’a imposé des choix ; je devais choisir entre mes amis ou lui. J’avais 17 ans et, comme je l’aimais beaucoup, je le choisissais toujours parce que j’avais peur de le perdre. Après quelques mois seulement, il me disait : « Tu dois choisir entre ta famille ou moi. Tu sais que je n’aime pas que tu sortes, c’est pour ça que tu peux seulement sortir avec moi ».
Peu à peu, je perdais la liberté de mes opinions, de ce que je ressentais, de ce que je disais, jusqu’à perdre celle de prendre l’autobus. Avec ce chantage, la violence psychologique a commencé. C’est alors que tout ce qu’il disait, faisait et ressentait était la seule vérité. Je suis revenue au Canada avec lui. Depuis le début, mes parents ne l’aimaient pas. Ils voyaient qu’il me donnait des ordres, que je ne pouvais pas bouger, qu’il fallait qu’il m’accompagne partout. Si je devais sortir, il fallait que je lui téléphone au travail pour lui demander son autorisation.
Plus tard, la violence physique a commencé. Ses défauts ont commencé à ressortir et à se faire sentir. Je restais à la maison à attendre qu’il arrive avec de l’argent pour acheter du lait et d’autres choses indispensables, mais, quand il arrivait, il n’avait rien parce qu’il avait tout perdu dans les machines à sous. Ainsi, il n’y avait rien dans la maison. J’étais fatiguée d’être à ses ordres et d’être contrôlée par lui. J’ai commencé à sortir de la maison et j’ai voulu aller à l’école. Un jour, je n’ai pu prendre l’autobus à l’heure et je suis arrivée tard à la maison ; il a commencé à s’imaginer des choses. Il a donné des coups de poing dans les murs au point de faire des trous. J’ai dû acheter du ciment et les couvrir pour que mes parents ne le découvrent pas.
Ce qui m’a fait le plus mal, plus que la violence physique, c’est qu’il m’a détruite psychologiquement et mentalement. À chaque fois que j’avais assez de volonté pour faire quelque chose, il me disait toujours : « Tu ne vaux pas la peine, tu n’es pas capable, tu gaspilles de l’argent pour rien ». Le pire dans tout ça, c’est que j’en suis même arrivée à croire que tout ce qu’il me disait était vrai. Pendant longtemps vraiment, j’ai pensé que je n’étais pas capable de rien faire et je lui demandais toujours ce qu’il fallait faire. Mon père n’en pouvait plus de me voir ainsi et m’a conseillé de venir au Centre. Au début, je ne voulais pas, je disais que je n’étais pas folle, mais, plus tard, j’ai accepté. Je me suis dit que je pouvais essayer.
Ce qui m’a donné la volonté pour venir ici et pour me séparer a été le jour où il a battu mon fils. Mon bébé avait été opéré et venait de sortir de l’hôpital. J’ai vu qu’il avait de nombreuses blessures et qu’il pleurait beaucoup et j’ai su, à ce moment, qu’il l’avait battu. C’est là que je me suis dit qu’il allait me détruire et tuer mon bébé. Il m’a enfermée à clef dans notre chambre pour que je ne sorte pas, mais, heureusement, quelqu’un a appelé la police et j’ai pu ainsi sortir de la maison. Après notre séparation, il a continué à faire du chantage et il a trouvé un appartement de l’autre côté de la rue. Chaque fois que je passais, il faisait jouer la musique de notre mariage dans des haut-parleurs sur le bord de sa fenêtre de sorte que j’aie de la peine, que je regrette notre séparation et que je revienne avec lui. Ceci a duré jusqu’au jour où je lui ai demandé une pension alimentaire ; il a disparu et n’a jamais plus donné de nouvelles.
C’est pour ça que je dis qu’il est très important de demander de l’aide comme je l’ai fait. Au CAF, j’ai beaucoup travaillé sur mes émotions, mes sentiments, j’ai évolué peu à peu et j’ai appris comment résoudre mes problèmes étape par étape. On m’a beaucoup aidée dans mon estime personnelle et on m’a donné du courage pour affronter ce qu’il s’était passé. Il est très important de travailler sur son estime de soi et ses sentiments parce que la plupart des gens gardent tout à l’intérieur et ne sont pas capables d’extérioriser ce qu’ils ressentent.
C’était mon cas et j’ai passé plus d’un an sans vouloir parler à mes parents, ni à personne d’autre, et même sans venir au Centre. Dès que j’ai commencé à parler, je me suis sentie mieux avec moi même. Il est clair que je vais garder des séquelles, mais je n’ai plus mal. Avec le temps, on oublie. On est capable de s’en sortir. Maintenant, je suis capable d’affronter et d’identifier la violence, avant j’étais aveugle. Maintenant, je pense que je suis plus méfiante, mais je préfère être ainsi qu’être comme j’étais avant.
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