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Photo du rédacteurCentre d'aide à la famille

Le refuge de l'espoir - Le CAF au programme Montréalité

« On n’apporte pas de solution, précise Mme Pedroso, on supporte. Le plus important, c’est de travailler avec la femme pour lui rendre son autonomie ».


Il y a ceux qui espèrent et ceux qui agissent. Ceux qui chuchotent et ceux qui dénoncent. Manuela Pedroso n’a pas froid aux yeux. Engagée au sein de la communauté portugaise depuis près de cinq ans, elle se consacre aux victimes de la violence. Fondatrice et directrice du Centre d’aide à la Famille, Mme Pedroso tente de démasquer un problème trop souvent ignoré dans sa communauté. « Les gens ne veulent pas voir la violence, dit l’intervenante. Ils ont peur, surtout les femmes».




" Dans une société patriarcale où le rapport de pouvoir est inégal, la femme est souvent le souffre-douleur. Elle sait, mais elle se tait."



Dans une société patriarcale où le rapport de pouvoir est inégal, la femme est souvent le souffre-douleur. Elle sait, mais elle se tait. Elle pense, mais en silence.

« Une femme violentée n’a pas d’opinion, pas d’initiative. Elle pense que c’est normal parce qu’elle a vécu ça toute sa vie». Mais le pire, c’est la crainte d’être pointée du doigt. « La communauté a plus de pouvoir sur les gens que n’importe qui », souligne Mme Pedroso.

Résultats : la honte, la culpabilité, la réclusion.

À ce stade, le Centre d’intervention ouvre ses portes. Il procure aux victimes le soutien nécessaire en offrant une démarche concrète pour s’opposer à la violence. « On n’apporte par de solution, précise Mme Pedroso, on supporte. Le plus important, c’est de travailler avec la femme pour lui rendre son autonomie ». Ça commence par des rencontres individuelles, puis les ateliers de groupe et enfin, si le problème persiste, les intervenantes accompagnent les victimes dans les procédures judiciaires. « Ce n’est pas toujours facile, indique la Portugaise. Il y a des cas très graves ». Et d’autres qu’il faut scruter pour dénicher. Car, mise à part l’assistance quotidienne, les personnes ressources doivent aussi appliquer la technique du dépistage. Parce que les femmes cherchent des raisons pour écarter les soupçons. « On ne s’impose pas, dit Mme Pedroso. On va au rythme de chacune. Car chaque personne est un monde différent ».

Le Centre d’aide à la famille, (...), a vu le jour en décembre 1994. Il y a maintenant plus d’un an que l’organisme est reconnu par le gouvernement à titre indépendant. En collaboration avec d’autres organismes tels le Bouclier d’Athéna et le Centre des femmes italiennes, Mme Pedroso organise des activités et propose des sessions d’information et de sensibilisation sur le thème de la violence dont les victimes ne sont pas que des femmes. Durant l’année 1996, le Centre vint en aide à 16 enfants, 8 hommes et plus de 60 femmes.

Ouvert à tous, le Centre accorde cependant une priorité aux lusophones. « C’est humainement impossible de répondre à tous les appels, mais on les réfère à d’autres personnes ressources ». Pour la militante, la santé mentale est primordiale. Manuela Pedroso tente de rallumer la flamme à partir des cendres. À contre-courant, elle est confrontée aux critiques quotidiennes de sa communauté. Mais l’acharnement porte fruit. « Voir le changement, la réussite des femmes, c’est la plus belle récompense qu’on a », dit-elle.

(Article tiré du Journal Place Publique, vol. 4, no. 5, mai 1997, p. 6)

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